Anselm KIEFER pour Paul Celan.
D’origine allemande, Anselm Kiefer était, en 2007, le premier artiste plasticien à inaugurer la série des Monumenta sous la Nef du Grand Palais.
La Réunion des Monuments Nationaux Grand Palais, avec son directeur Chris Dercon, organise une grande exposition monumentale à Paris au Grand Palais Ephémère d’Anselm Kiefer, sur l’ensemble des 10.000 m2, en partenariat avec son galeriste, Thaddaeus Ropac. L’artiste est mondialement célèbre, ses œuvres dont les prix oscillent entre 1 million à plus de 2 millions d’euros.
Anselm Kiefer vit et travaille en France depuis 1992. Il installe initialement son atelier à Barjac dans le Gard, dans une ancienne filature de soie. Et, depuis 2007, il prend possession de son nouvel atelier en région parisienne à Croissy-Beaubourg dans le Val de Marne. Il a acheté les 35.000 m2 d’entrepôts de la Samaritaine. Il se dit à la fois français et allemand. Il a enseigné au Collège de France.
Né en 1945 dans le Bade-Wurtember en Allemagne, il se dirige vers les Ecoles des Beaux-Arts après avoir étudié le droit, les langues, et les littératures romanes. Son œuvre continue de questionner sans relâche, mémoire et oubli, histoire et récit mythologique.
« Am Letzten Tor » @Anselm Kiefer 840 x 470 cm
Il poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les principaux acteurs. Sculptures, installations et 19 nouvelles toiles gigantesques interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande Paul Celan dont il avait découvert le poème « Todesfugue » (Fugue de la mort) à son adolescence. Il le fait revire, depuis 1981, en écrivant ses poèmes sur ses toiles. Né en 1920, Paul Ancel, dit Paul Celan, était juif, enfant unique, très marqué par les suites de la seconde guerre mondiale. Traducteur, éditeur, auteur, il avait reçu plusieurs prix littéraires. Arrivé à Paris en 1955, il se suicide, en 1970, en se jetant dans la Seine.
Le travail existentiel de mémoire d’Anselm Kiefer, s’est élargi à une quête spirituelle nourrie de littérature, de philosophie, du cosmos, de grands mythes et de mystique kabbalistique.
Ses toiles sont couvertes de multiples couchent de matières, de formes et de textes qui sédimentent un récit et créent une archéologie de la mémoire. Il aime construire, déconstruire et reconstruire. La notion de cycle est fondamentale dans sa pensée.
« Le secret des Fougères » @Anselm Kiefer
Ses réalisations artistiques englobent et associent peinture, photographie, livre, sculpture, et elles sont créées avec des matériaux symboliques, tels que le plomb, le marbre, la paille, les pavots, le sable, les plantes, les livres et les tissus.
Son processus comprend la superposition de multiples couches de matériaux, le découpage, le brulage et l’altération par les diktats de la nature. C’est un alchimiste des matières.
On peut voir dans son « Arsenal » sa grande réserve d’objets trouvés, récupérés comme source d’inspiration : fleurs séchées, fougères, végétations, cendres, polyèdre de verre et de métal, robes en plâtre, le tout est accumulé en un réservoir de plusieurs strates, pour un ensemble des possibles, autour des constellations et de l’énergie divine.
« Arsenal » vue d’atelier de Croissy-Beaubourg @Anselm Kiefer
On peut y voir également un aéroplane, criblé de pavots, plantes hallucinogènes, avec sur les ailes les livres, le tout en plomb, acier, zinc, résine, gomme laque fait référence à » Pavot et mémoire » de Paul Celan.
« Pavot et mémoire » @Anselm Kiefer
Le tableau « Madame de Staël : de l’Allemagne » de 380 x 1330 cm, dont son nom est écrit en haut à gauche, mélange d’émulsion, huile acrylique gomme-laque, zinc, fil de fer et craie sur toile. Germaine de Staël, femme de lettres française écrivit ce livre en 1813 afin de faire connaitre la culture allemande de l’époque aux français. L’artiste brosse une reconstitution de l’ancien aéroport de Berlin : le Tempelhof à l’arrière-plan, et, au premier plan des champignons portent des étiquettes au noms des personnalités allemandes du XVIIIe et XIXe siècles
« Madame de Saël : de l’Allemagne » @Anselm Kiefer photo Georges Poncet
Lors de Monumenta, il y a quinzaine d’années, au milieu de ses œuvres sous forme de ruines, il rendait déjà hommage, aux poètes Ingeborg Bachmann, Paul Celan et Céline
Depuis 2021, l’atelier-résidence « La Ribaute », qui fait partie de la Fondation Eschalon, à Barjac dans le sud de la France, sera bientôt ouverte au public. Elle conserve les œuvres d’Anselm Kiefer et celles d’autres artistes.
Comme il aime dire : » Le futur est lié au passé, sans y être mêlé. Passé, présent et futur sont unis »
S’ensuit chez son galeriste Thaddaeus Ropac à Paris Pantin, son exposition « Hommage à un poète » du 9 janvier au 11 mai 2022
Elisabeth PETIBON
Grand Palais Ephmère Paris
16/12/2021 au 11/01/2022
TLJ de 10H à 19H
Vendredi et samedi 21H
Place Joffre
75007 Paris