La Biennale Internationale des Arts Sacrés Contemporains d’Autun

Les femmes au coeur de la Biennale d’Autun pour la troisième édition

Marie-Luce et Jérôme Lequime sont à la base de ce projet. L’idée a mûri en octobre 2015, au retour de la Biennale de Venise. Leurs amis artistes-poétes, tels que Etel Adnan, Maître Goudji, Leila Anvar ou Salah Stétié (ce dernier a fait don de sa collection au musée Paul Valéry à Sète), font le même constat qu’eux : il manque cruellement un lieu en France consacré à l’Art Contemporain Sacré. Bien sûr, il y a la Biennale d’art sacré de Lyon, …., mais pas d’exposition à caractère international ouvert à des artistes de toutes traditions ou confessions. Aussi, ils acceptent ce pari un peu fou de les soutenir dans cette initiative.

Ils se sont rapprochés de l’association de la Chapelle Notre-Dame des Bonnes-Oeuvres et des VII Dormants d’Ephèse, dont le but est de tisser des liens entre l’Occident et l’Orient en promouvant la création contemporaine et de faciliter les rencontres inter-culturelles et inter-générationnelles, autour de conférences-débats, de poésie, théâtre , concerts,… Depuis 2008, différents artistes internationaux viennent régulièrement à Autun.

La vocation de cette association est d’être à la fois un creuset de création et d’expérimentation où s’inventent des expressions artistiques innovantes, voire originales et inattendues. C’est également, un lien ouvert et accueillant propice aux rencontres, au dialogue et au partage parfois improbables : d’où ces initiatives, musicales, théâtrale, ces performances qui passent par des lectures, des expositions, par le chant, la danse…

C’est la troisième édition, dans la ville d’Autun au coeur de la Bourgogne et du Morvan, lieu chargé de plus de 2000 ans d’histoire, le plus grand site gallo-romain au Nord de la Loire, et plus de cinquante sites patrimoniaux inscrits ou classés..

Organisée par le commissaire d’exposition  Jérôme Lequime, à travers la ville, la Biennale se déploie dans plus d’une dizaine de sites historiques. Voici quelques exemples de manifestations :

 – Spectacle de danse de la Compagnie Carolyn Carlson en ouverture de la Biennale. La danse de Carolyn Carlson est tournée vers la philosophie, la spiritualité et l’univers poétique. Née en Californie, arrivée en France en 1971, elle joue depuis un rôle primordial dans l’éclosion des danses contemporaines françaises et italiennes. Commandeur des Arts et des Lettres, son oeuvre est couronnée en 2006.  par le premier Lion d’Or jamais accordé à un chorégraphe par la Biennale de Venise. Elle conçoit trois solis ; « Prologue » qu’elle interpréte avec le talentueux saxophoniste Guillaume Perret, « Mandala » dansé par Sara Orselli qu’elle créé pour elle en 2010, sur une musique de Michael Gordon et le « Septième homme » dansé par Riccardo Meneghini qu’elle lui créé en 2019, accompagné du saxophoniste Guillaume Perret. Ce spectacle a été mis en place dans la cathédrale Saint Lazare.

Carolyn Carlson avec Sara Orselli, Riccardo Meneghini et Guillaume Perret

Carolyn Carlson avec Sara Orselli, Riccardo Meneghini et Guillaume Perret

 Didier Ben Loulou, photographe, partage sa vie entre Paris et Jérusalem expose dans la Chapelle Sainte-Anne. Son travail est présent dans différentes collections telles que le FNAC, la Maison de la photographie, le musée d’Art & d’Histoire du Judaïsme à Paris, le V&A Museum de Londres et la Microsoft Art Collection de Seattle. Il expose 70 photographies prises dans de vieux cimetières juifs, des environs de Jérusalem et en Galilée. En hébreu, le cimetière est « la maison des vivants ». Cela invite  à la  réflexion, toute vie étant appelée à disparaître

photographie "Lettre" de Didier Ben Loulou 

photographie « Lettre » de Didier Ben Loulou 

 Shirin Neshat, artiste et réalisatrice d’origine iranienne, vit à New-York. Dans sa vidéo « Turbulent », elle interroge la pratique musicale en Iran, démontrant  l’absence des femmes iraniennes. La projection est dédoublée. Dans un face à face, sur deux écrans opposés, s’expose un duel entre un chanteur devant ses spectateurs, tous assis, de sexe masculin et une chanteuse devant des places assises, mais vides. Elle est représentée par la Gladstone Gallery (New York et Bruxelles) et la Goodman Gallery (Londres, Johannesbourg et Cape Town). Meilleure réalisatrice au 66eme Festival Internationale du Film de Venise. Actuellement, elle est visible au Musée d’Art Moderne de Fort Worth (Texas). En 2017, elle a mis en scène son premier Opéra « Aïda » au Festival de musique de Salzbourg. Elle expose dans la Chapelle de la Maison Saint-Antoine

vidéos "Turbulent"(9'38) 1998 de Shirin Neshat

vidéos « Turbulent »(9’38) 1998 de Shirin Neshat

– Abdallah Akar, sculpteur, vit à Paris. Son oeuvre « Les sept Dormants d’Ephèse » vient d’une longue réflexion. Dans son enfance, dans le Sud tunisien, sur la pente d’une montagne à Chenini, se dresse une petite mosquée dite « mosquée des Septs Dormants » cernée de tombes géantes et abritant une grotte où semble-il, les sept Dormants d’Ephèse auraient trouvé refuge. La légende est implantée aussi bien dans la tradition musulmane que chrétienne : en Bretagne, dans les Côtes d’Armor, dans le village du Vieux- Marché, on y trouve la Chapelle des Sept Saints et la source fontaine du même nom.  Il crée sept polyptiques en verre, calligraphiées en arabe dans le style Maghribi avec point d’enluminure dans la Chapelle Saint-Nicolas et sept stèles en Fer ajouré de sept poèmes de Mu’allaqât dans le jardin du Musée Lapidaire.

stèle (200×40 cm) en fer ajouré du poème de Mu’allaquât

 Martin Bruneau, peintre figuratif, né au Canada, vit à Autun. Il se réappropie les références iconographiques de la peinture et questionne la peinture au pinceau. Il utilise l’histoire de la peinture, comme thème à peindre, aussi, ne peut-il ignorer l’art sacré. Il présente « Mirabilis blanc » quadrillage en creux et « Mirabilis noir » quadrillage en plein, recouvrant de façon complémentaire les deux toiles monumentales faites en 2008 pour l’Abbaye de Maubuisson, haut lieu du Jansénisme. Il est défendu par la galeriste Isabelle Gounot, Paris. Les oeuvres sont montrées dans le Temple Protestant, Porte Saint André.

"Mirabilis blanc" de Martin Bruneau, 2008

« Mirabilis blanc » de Martin Bruneau, 2008

 Nadege Druzkowkipeintre, graveur et vidéaste, vit et travaille à Lyon, diplomée de Central Saint Martins à Londres et de Glascow School of Arts en Ecosse. Elle explore les notions de temps, de mémoire et d’absence. Elle capture la frontière entre le réel et l’illusoire, un monde où le temps se dissout dans un univers onirique, dans un film de 30 mn : « Un désert au coeur du monde ».  Elle filme les empreintes de près de mille ans d’histoire, laissées par les moines chartreux autour du Monastère de la Grande Chartreuse, en Isère. Elle présente son film et son livre du même titre à l’Auditorium de l’Evêché 

film "Un désert au coeur du monde" de Nadège Druzkowski

film « Un désert au coeur du monde » de Nadège Druzkowski

 Pierre de Saint Maur, peintre, dessinateur, sculpteur, il voit l’art comme un sacerdoce au service de la beauté. Il présente un triptyque de la soif via un « Saint Siméon, stylite » en bronze, un fusain sur papier de soie « La Soif », une sculpture « Sisyphe » pendant de Saint Siméon, crispé sous le désir effréné, donc inassouvissable et la possibilité de l’ouverture à la Spiritualité. Elle est installée dans le hall de l’Evêché.

"Sisyphe" acier, verre soufflé (57x65x35cm) de Pierre de Saint Maur

« Sisyphe » acier, verre soufflé (57x65x35cm) de Pierre de Saint Maur

– Polska, sculpteur plasticienne du Land-Art, se partage entre Paris, le Morvan et ses voyages. Après le marbre, la terre et les pierres, elle travaille maintenant les branches, le bambou, les papiers, l’encre, les pigments naturels et la patine du temps. Prix Bourdelle en 1993 à Paris et à remporter le concours « Renouveau du Centre Ville de Ronchamp » en Haute-Saône. Elle présente quelques sculptures et une pirogue de 8 mètres de long avec ses spirales chargées symboliquement d’énergie, en bambou bleuté proche du ciel, dont la direction part de la pointe de la cathédrale de Saint Lazare derrière l’Evêché. . Elle dit : « La nature me donne, il faut que je redonne à la nature ». Elle est une transmetteuse et une passante. Elle expose dans le jardin de l’Evêché. 

Polska et sa pirogue en bambou dans le jardin de l'Evêché

Polska et sa pirogue en bambou dans le jardin de l’Evêché

 Marko Pogacnik,sculpteur slovène, géomancien, écrivain, diplomé des Beaux Arts, est un ancien de l’Art Conceptuel, du Land Art et du mythique groupe OHO. Créateur du drapeau slovène depuis 1991.  Il a développé la « lithopuncture » forme d’acupuncture pour la Terre avec la Pierre et le language des « cosmogrammes » différents pour chaque endroit donné, de part une essence terrestre à chaque fois différente, son message unique, ou ses problèmes intérieurs. Chaque lieu est une création terrestre unique de Gaïa (La Mère de la Vie). Il expose dans le jardin du Cloître Saint Nazaire 

Pierre avec "Cosmogramme" de Marko Pogacnik dans le jardin du cloître Saint Nazaire 

Pierre avec « Cosmogramme » de Marko Pogacnik dans le jardin du cloître Saint Nazaire 

– Surabhi Saraf est d’origine indienne, vit et travaille à Brooklyn, NY. En 2018, aux USA, elle crée le CEM (Centre pour la Matérialité Emotionnelle). Elle explore notre relation complexe avec les nouvelles technologies, à travers des oeuvres multimédia qui incorporent des installations vidéos, des sculptures, des performances et des compos itions sonores. Elle expose dans des lieux internationaux et dans plusieurs galeries. L’oeuvre « Fold » de 2010, démontre les actions quotidiennes vues différemment avec la technologie actuelle. Elle est projetée à la Chapelle de l’hôtel des Ursulines

vidéo « FOLD » 2010 de Surabhi Saraf 

–  Ken Aptekar vit et travaille aux Etats-Unis. Il mêle peinture et texte. Déjà, dans les années 70, on disait  que la peinture vivait ses dernières heures. Les nouvelles formes artistiques prenaient place, la reléguant au dernier rang. Aussi, il eut l’idée d’adopter de vieilles peintures, en y incorporant des mots de nos pensées. L’oeuvre « Neighbors/Voisin.e.s. » est à l’origine de la demande faite en 2016  par le directeur du musée Saint Anne à Lübeck en Allemagne. Ce musée détient une incroyable collection de retables et de faire la relation avec l’unique synagogue restante au Nord de l’Allemagne. Il cherche à faire disparaître les frontières persistantes entre les êtres. D’où l’exposition qu’il fit au musée Saint Anne à Lübeck et que l’on retrouve maintenant à la Chapelle Saint Aubin.

"Neighbors/Voisin.e.s" de Ken Aptekar

« Neighbors/Voisin.e.s » de Ken Aptekar

En privilégiant la présence des artistes, c’est donc un condensé de patrimoine qui est présenté en Bourgogne, dans cette ville historique d’Autun. Cette quête de sens, à travers un Sacré Universel, particulièrement d’actualité, parle à tous, et ne manque pas, de nous interpeler. 

                                                                                                                Elisabeth PETIBON

Biennale de 16 juillet au 1er août 2021

ouvert TLJ de 11H à 19H

Ville d’Autun 71400

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