Le titre « Rrose c’est la Life » fait référence à Marcel Duchamp. Il avait réalisé son double féminin, Rrose Sélavy
Agnès Thurnauer, artiste franco-suisse, vit à Paris et a toujours aimé le rose. Cette couleur est très présente dans l’histoire de l’Art, même si on en parle très peu. Le rose peut-être une couleur tendre et aigue.
Elle présente une exposition personnelle de vingt-cinq années de travail au Centre d’Art Contemporain de Bouvet-Ladubay, sur une superficie de 800m2, à Saumur en plein cœur du Val de Loire. Ce centre, sur les bords de Loire a été ouvert en 1992 sous le parrainage de Gonzague Saint Bris, du directeur artistique Benoit Lemercier et du Président Patrice Monmousseau de la maison saumuroise Boudet-Ladubay. Cette Maison vinicole connue sous le nom de l’excellence des « Brut de Loire » depuis 170 ans, est dirigée maintenant par sa fille Juliette Monmousseau, une belle histoire familiale ligérienne.
Une diversité de pièces, dont certaines œuvres inédites de l’artiste, n’ont jamais été montrées. Agnès Thurnaquer les a choisies dans son atelier d’Ivry sur Seine, aidée de son galeriste parisien Michel Rein .
Un ensemble comprenant cinq séries au travers de peintures, sculptures et installations : Mapping the Studio ; Peintures d’Histoire ; Portraits Grandeur Nature ; Prédelles et Matrices/assises
Pour Agnès Thurnauer le rapport à l’oeuvre induit toujours une forme de réciprocité. Il y a la question du masculin et du féminin, la complétude avec « l’autre de soi-même ». Ce qui l’ intéresse depuis toujours dans la peinture, est le sens de la couleur et le sens des lettres.
Depuis sa tendre enfance, elle peint. Elle est imprégnée par l’histoire de l’art, dont l’empreinte s’en ressent dans ses créations. Elle traite également du langage dans ses oeuvres, au sens propre comme au sens figuré, le langage de par le temps et les mots.
« Mapping the studio » en référence à une pièce de Bruce Nauman, traite du sol de l’atelier comme une cartographie où se trouvent toutes les séries de tableaux. Comme elle aime dire : » L’histoire, c’est de la géographie »
Mapping the studio (Rose#8), 2020 162 x 162 cm acrylique et ruban adhésif
« Peintures d’histoires », série commencée en 2005, elle peint d’abord le texte comme une grille puis, une figure prend corps entre les lettres
Son tableau « Exécution de la peinture » de 2013, on y reconnait le portrait de Suzon, la serveuse du dernier tableau « Un bar aux Folies Bergères » d’Edouard Manet, dessinée par le pinceau de cette femme artiste, nue de dos, acte volontaire de la part d’Agnès Thurnauer. Elle ne veut pas faire la typologie du vêtement, elle ne désire pas dater la lecture. Cette femme se retrouve mitraillée par les photographes et dans le brouhaha de leurs appareils photographiques. Une écriture en vrac, péformatée, un autre traitement de l’écriture hors temps est insérée dans le tableau.
« Exécution de la peinure » 2013 de 200 x 280 cm
Agnès Thurnauer dialogue avec les artistes du passé, comme s’ils étaient présents. Elle a également, réinterprété « Olympia » d’Edouard Manet avec son modèle Victorine Meurent,femme libre et artiste. Elle y insère sur l’icône, tous les synonymes du mot « femme » puisés dans la langue française du XIIème au XXème siècle.
« Olympia revisitée » d’Agnès Thurnauer
Elle aime particulièrement le peintre polémiste américain, Philip Guston, de plus, le rose domine dans ses oeuvres
La série « Les Prédelles », mot découpé en syllabes et placé en haut d’un dyptique dénote une mise en tension de l’image par le langage, entre signifiant et signifié.
Prédelle 2020, 2élèments de 57 x 35 cm acrylique sur toile
Agnès Thurnauer collabore régulièrement avec des philosophes, écrivains et poètes pour des publications et livres d’artistes (Michèle Cohen-Halimi, Tiphaine Smoyault, Rode Mengham, Nicolas Donin,….)
Elle a était révélée au public en 2003 au Palais de Tokyo par une exposition monographique.
Elle a depuis exposé en Belgique, aux Etats-Unis, au Brésil et dans différentes biennales.
Time 2010 – 2 élèments de 300 x 240 cm et Matrices/Assises (XXY) 2020
Les Matrices Chromatiques, sculptures d’assises fonctionnelles issues de sa série « Matrice/assise », mettent en oeuvre le langage des génomes. Elles sont constituées de moules de lettres en aluminium brossé doré et repésentent les lettres XXY, syndrome de Klinefelter
Depuis octobre 2020, vingt Matrices en bronze sont installés à Ivry sur Seine, commande publique. On peut en voir également au Musée de l’Orangerie à Paris.
Elle est défendue par la galerie Michel Rein à Paris et à Bruxelles et par la Gandy Gallery à Bratislava
Elisabeth PETIBON
Centre d’Art Contemporain Bouvet Ladubay
exposition du 3 juillet 2021 au 03 octobre 2021
ouvert du mardi au samedi 10h/13h – 14H30/18h
dimanche de 14H30 à 18H
1 rue de l’Abbaye ST Hilaire/St Florent
49400 Saumur